Les Européens peuvent-ils se passer du lanceur russe Soyouz ?

La commission d’enquête a conclu mercredi 8 octobre que l’échec du lancement de deux satellites européens Galileo, fin août, avait été causé par un gel du carburant sur le troisième étage du lanceur russe Soyouz, du fait d’un tuyau mal placé.

Selon Rachel Villain, conseiller Espace chez Euroconsult, ce problème est facile à corriger, ce qui pourrait permettre à Soyouz de voler à nouveau en décembre. Mais à plus long terme, l’Europe s’interroge sur ses futurs lanceurs pour cesser de dépendre de la technologie russe.

« Soyouz reste un lanceur dont la conception est fiable. Il a été tiré près de 2000 fois depuis l’époque soviétique. Cependant, il existe un problème de qualité dans la mise en œuvre, au sein de l’industrie de production des lanceurs en Russie. L’autre lanceur russe, Proton, connaît des problèmes récurrents, si bien que le futur de ce secteur est un peu incertain en Russie.

Les Européens disposent actuellement de trois lanceurs : Vega, qui est utilisé pour les petits satellites en orbite basse ; Ariane 5, qui est optimisée pour les satellites géostationnaires ; et Soyouz qui sert pour lancer des grappes de satellites ou bien des satellites d’observation en orbite basse.

Aujourd’hui, les Européens préparent la prochaine génération de lanceurs. Ils doivent se déterminer entre deux options : faire évoluer Ariane 5 ou bien passer à Ariane 6. Ce choix reste très débattu entre la France et l’Allemagne.

UN LANCEUR PLUS MODULAIRE

Ariane 6 devrait être un lanceur plus modulaire, permettant plus de flexibilité. Il sera en mesure de remplacer à la fois l’actuelle Ariane 5 et Soyouz. L’Europe pourra donc ainsi se passer de Soyouz pour ses lancements de satellites. Mais ce lanceur ne sera pas prêt avant 2020, au mieux.

Ariane 5 ME, la nouvelle version du lanceur actuel, devrait être capable d’emporter une charge plus lourde (11,5 tonnes au lieu de 10). L’investissement pour le mettre au point est plus faible que pour concevoir Ariane 6 (autour de 1 milliard d’euros au lieu de 5 environ), et il peut être prêt plus rapidement. Mais il restera moins efficace que Soyouz pour certains lancements.

Ce qui est déterminant, aujourd’hui, pour faire un choix, c’est l’arrivée d’un nouveau concurrent développé par la société américaine Space X pour les lancements commerciaux. Il a déjà réussi plusieurs lancements de satellites géostationnaires. Et il parvient à proposer des coûts moins élevés que le reste du marché.

UN COÛT PLUS COMPÉTITIF

C’est pourquoi la coentreprise qui a proposé une architecture industrielle pour Ariane 6 vise à produire un lanceur de façon plus intégrée, et donc à un coût plus compétitif. Ariane 5 ME ne permet pas de faire baisser les coûts dans la même proportion. Ces différentes options sont sur la table et l’Agence spatiale européenne doit se réunir en décembre prochain pour faire un choix ».

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